Il y a six ans, j’ai modifié mon rapport à la création en m’intéressant à certaines composantes de la perception de l’image en mouvement : cadre, lumière, bords et contours, perspective et profondeur, corps et environnement.

Ce qui m’intéresse actuellement, c’est de partager des processus qui, en marge de la production d’objets scéniques, nous engage dans nos modes d’être et d’agir… des gestes portés par des intentions qui débordent parfois largement le champ du chorégraphique ou du culturel.

Il est agréable de commencer le travail d’écriture par un dictionnaire, mille fois ouvert par des mains curieuses qui cherchent, s’affairent, suivent d’un doigt hésitant des verticales pour s’installer enfin dans l’horizontalité d’une définition. Ainsi, le mot décentrement pourrait occuper une place de choix dans un dictionnaire de la danse. La communauté des danseurs connaît bien ce léger vertige, la délicatesse de déplacements subtils du poids du corps dans l’espace, ou, plus soudaine, dans une grande amplitude de mouvement, la chute. Il y a aussi le plaisir, le penchant ou l’élan d’un corps vers un autre corps à la recherche d’un nouveau centre.

Avant d’entamer la description des directions de travail que je privilégie, je souhaite faire un rapide survol de ma démarche de chorégraphe afin de vous permettre de resituer ces projets à l’intérieur d’un processus de création. La première étape de mon parcours a duré une dizaine d’années environ. Je cherchais alors la verticalité, dans une sorte de mouvement ascensionnel. Depuis quatre ans, il y a eu une césure dans mon travail. J’ai abandonné cet axe vertical pour l’axe horizontal et j’ai commencé à fouiller au travers de l’expérience sensible dans un flux qui va de l’extérieur vers l’intérieur. Il s’est alors opéré un glissement progressif vers une exploration essentiellement basée sur les perceptions et cela à la fois du point de vue du danseur dans sa matière de danse mais également du point de vue du spectateur.